
Bonjour ! 😊 Aujourd’hui, j’aimerais aborder un sujet qui ne l’a pas encore été ici : l’autoédition. Et si on en parlait ? 😄
Tout d’abord, au cas où vous ne sauriez pas ce qu’est l’autoédition, on va faire un petit point.
Les livres qu’on voit généralement dans les rayons des librairies indépendantes, des supermarchés culturels ou des supermarchés tout court sont publiés par des maisons d’édition. Je ne vais pas en faire une liste, il y en a beaucoup trop, mais ce sont souvent les plus connues (à part en librairie indépendante, où on est davantage susceptible de tomber sur des ouvrages moins mis en avant car publiés par des maisons d’édition moins grandes).
Pour les auteurices, la publication par une maison d’édition a longtemps été la norme. On écrit un livre, on envoie le manuscrit à des maisons d’édition, on a de la chance, le livre est sélectionné, retravaillé puis publié à plus ou moins grande échelle.
Le problème pour les auteurices qui choisissent la voie « classique », c’est de trouver la maison d’édition qui leur fera signer un contrat pour leur texte. Les maisons d’édition sont nombreuses, les auteurices qui veulent se faire éditer encore plus, et il n’y a pas forcément de place pour tout le monde.
Aujourd’hui, de plus en plus, des auteurices font un choix différent : iels s’éditent elleux-mêmes.
Une maison d’édition un minimum sérieuse, avant de publier un texte, va beaucoup travailler dessus, en accord et en lien avec l’auteurice. Il va falloir corriger le texte, ce qui prend du temps, travailler sur une couverture, faire une maquette pour l’imprimeur, et décider d’une date de sortie à communiquer au diffuseur qui la communiquera ensuite aux lieux de vente.
Je parle bien des maisons d’édition sérieuses, quelle que soient leur taille, parce qu’il y en a de beaucoup moins sérieuses, qui se présentaient « à compte d’auteur » ou plus souvent maintenant « collaboratives » ou « participatives ». J’ai consacré un article à ce sujet juste ici.
Faire le choix de l’autoédition, ce n’est pas pour autant faire le choix de la facilité, bien au contraire ! Ça représente beaucoup de travail, et un investissement personnel. Il faudra faire corriger son texte (par un•e pro, dans l’idéal), faire ou faire faire la couverture, travailler la maquette (la mise en page) du livre, trouver un imprimeur (et donc faire plusieurs devis pour trouver le meilleur rapport qualité et quantité/prix)…
Pour les auteurices qui ont des compétences spécifiques, en particulier pour la mise en page et la couverture, c’est évidemment plus simple. Mais ça demandera toujours beaucoup de temps.
Il est également possible de passer outre l’étape « imprimeur » en faisant appel directement à des prestataires tels que Amazon KDP ou BooksOnDemand (BoD), par exemple, qui proposent de prendre en charge tout ou partie du travail. Amazon KDP prendra en charge l’enregistrement de l’ISBN du livre (son numéro d’identité, en gros) si l’auteurice le souhaite ; BoD est payant, une fois, mais propose également, moyennant finances, des services de correction ou d’aide à la confection de la couverture. Et bien sûr, l’ISBN si nécessaire. L’avantage de BoD par rapport à Amazon KDP, c’est la diffusion : le livre sera proposé en ligne, sur les divers sites de vente, et possiblement en librairie ; avec KDP, le livre est disponible sur Amazon et… c’est tout 🤷♀️
Bref, nous ne sommes pas là pour comparer les différents moyens de s’autoéditer, mais il me fallait faire le point pour celleux qui ne connaissent pas bien l’autoédition.
L’autoédition est, à mon sens, un choix courageux. Quand on voit toutes les décisions qu’il va falloir prendre, toutes les recherches pour trouver les meilleurs prestataires, j’ai du mal à comprendre qu’aujourd’hui, les auteurices qui font ce choix soient souvent dénigrés. Parce que, oui, l’autoédition est parfois mal comprise…
Récemment, j’ai lu une trilogie de SF dont le premier tome a été, tout d’abord, autoédité sur Amazon avant de rejoindre le monde plus classique de l’édition. Et comme je me suis intéressée à ce premier tome, je suis allée voir les commentaires et critiques que d’autres lecteurices avaient laissés, sur Babelio en particulier. Le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçue 🙄
Voilà le genre de commentaire que j’ai pu lire :Le roman en question, j’en ai parlé ici, c’est le premier tome de la trilogie « Silo » de Hughes Howey 😑
La personne qui a laissé ce commentaire (dont je ne mets ici qu’un tout petit morceau, le reste n’ayant pas d’importance ici) n’a visiblement pas apprécié sa lecture. Et si ça peut se comprendre – nous n’avons pas toustes les mêmes goûts –, sa justification m’a davantage fait réagir 😮💨
Tout d’abord, une information totalement fausse : « une nouvelle qui a été rallongée ». J’ai moi-même fait quelques recherches et il ne m’a pas fallu longtemps pour apprendre que le premier tome de « Silo » est composé de plusieurs nouvelles et novellas, tout d’abord autoéditées par l’auteur puis publiées en maison d’édition. Pas « une nouvelle rallongée », donc. Ça commençait mal pour la bonne foi de cette personne…
« À la base, le monsieur n’est pas écrivain […] il a écrit une petite nouvelle […] et a décidé de s’autopublier » 🤔 Le monsieur n’est pas écrivain ? Pourtant, le Petit Robert (première définition proposée par Google) précise bien qu’un écrivain est une « personne qui compose, écrit des ouvrages littéraires ». Hughes Howey, l’auteur, est donc bel et bien un écrivain. Et cette réflexion – « le monsieur n’est pas écrivain » – me pose vraiment question : quand devient-on écrivain ? Quand on est publié par une maison d’édition reconnue ? J’imagine que c’est de cette manière que cette personne voit les choses. Autant dire que je ne suis pas du tout d’accord 🤦♀️
On sent d’ailleurs bien le mépris de la personne qui laisse ce commentaire dans son « il a écrit une petite nouvelle »…
Alors remettons l’église au centre du village : celleux qui écrivent sont des écrivain•es, en autoédition ou en en maison d’édition, peu importe.
Ce commentaire est symptomatique de la vision encore trop souvent partagée par certaines personnes selon laquelle l’autoédition serait le choix de celleux qui n’ont pas de talent, qui ne savent pas écrire, dont aucune maison d’édition ne veut. Ce genre de commentaire montre surtout une forme de mépris pour une pratique qui a longtemps été marginale mais est aujourd’hui de plus en plus choisie et mise en avant. Et ça me désole 😔
Bien sûr, il y a des auteurices qui s’autoéditent mais sans aller au bout des choses : texte non corrigé ou par « un proche qui lit » (j’ai déjà vu ça, malheureusement), couverture en IA (choix très peu apprécié par les lecteurices qui sont généralement des soutiens pour les illustrateurices), texte plein d’incohérences ou histoire mal fichue. Mais on trouve aussi des maisons d’édition qui ne font pas le boulot (j’en ai déjà vu passer, j’en ai quelques exemples dans mes bibliothèques), qui publient des textes d’une qualité toute relative, des traductions mal fichues et parfois même non corrigées…
Être édité en maison d’édition n’est pas un gage de qualité. Comme je le disais, j’ai déjà eu en mains des livres publiés « normalement » qui manquaient de travail éditorial (de corrections, en particulier), et des romans autoédités d’une qualité folle. J’ai passé un bien meilleur moment avec ces derniers !
Il est vrai que je lis assez peu d’ouvrages autoédités. Non pas que je n’aime pas, mais je ne tombe pas toujours dessus 🤷♀️ Ils n’ont souvent pas autant de visibilité, les auteurices doivent gérer leur communication et généralement compter sur leur communauté sur les réseaux sociaux pour faire connaître leur travail. Cela suppose bien sûr d’avoir une communauté suffisamment grande pour faire connaître son œuvre, et face à des grandes maisons d’édition, il est difficile de faire la différence 😶
Je le répète : selon moi, il faut beaucoup de courage pour faire le choix de l’autoédition, tout comme il en faut pour tenter de se faire éditer. Les auteurices qui veulent rester dans une voie « classique » doivent faire face aux refus, quand iels reçoivent une réponse. Certaines maisons d’édition ne donnent tout simplement jamais de nouvelles, et ne pas savoir, attendre et espérer de voir son rêve se réaliser, se prendre des murs, tout ceci n’est pas une partie de plaisir. Mais s’autoéditer, c’est prendre aussi le risque de ne pas vendre et d’avoir pris du temps, des soirées entières, des week-ends entiers pour travailler un texte et qu’il ne trouve pas son public. Dans les deux cas, le travail de base est le même : écrire ✍️
Arrêtons donc de juger un livre à sa méthode de publication : que ce soit en maison d’édition ou en autoédition, il y a toujours un•e écrivain•e qui a sué encre et eau, et ça, ça se respecte 🙏