Et si on parlait… Amazon, c’est le diable ?… 👿

Et si on parlait...

Et oui ! 😄 Me revoilà avec un petit article « Et si on parlait… » qui me trotte dans la tête depuis un petit moment. Alors ? Amazon, « c’est le diable » ? Question de point de vue… 

Régulièrement, je peux lire ou entendre des personnes qui, à tort ou à raison, chacun son opinion, ont décidé de boycotter Amazon. D’autres font le choix, au contraire, d’utiliser leurs services, pour leurs achats de livres ou autres, mais n’osent pas toujours le dire. Pourquoi ? Parce que les « anti-Amazon » les plus convaincus peuvent parfois se montrer quelque peu virulents… Je ne suis pas « anti-Amazon » ni ne vient pas défendre ici cette entreprise. Seulement, je dois avouer qu’entendre ou lire régulièrement que « Amazon c’est le diable » (je caricature à peine…) dans des tentatives de culpabiliser leurs utilisateurs me fais parfois monter en pression… 

Alors ? Que penser du Grand Méchant Amazon ? 

Sans rentrer dans les détails des manières de fonctionner de cette entreprise — nous ne sommes pas là pour débattre : des conditions de travail, du paiement des impôts, des lubies du patron ou de ses pratiques commerciales — j’avoue ne pas comprendre cette résistance parfois poussée à l’extrême envers cette entité. On a bien suffisamment entendu tout et n’importe quoi pour se faire soi-même une opinion… 

Personnellement, je suis cliente Amazon. Oups ! C’est dit ! Oui, j’achète sur Amazon, j’ai même mon petit abonnement Prime ! Pourquoi ? Posez-vous la question une petite seconde. Pourquoi, à votre avis, y a-t-il autant de personnes pour utiliser cette plate-forme de vente ? Je ne peux pas parler pour les autres, chacun ses choix, mais il y a forcément une raison ! 

Et bien personnellement, tout simplement parce que c’est plus pratique ! J’habite une ville relativement importante, où se trouvent plusieurs librairies, y compris d’occasion. J’achète d’ailleurs bien plus souvent en occasion que des livres neufs… Je pourrais me rendre dans ces librairies, j’aimerais d’ailleurs pouvoir le faire plus souvent, mais je n’en ai pas forcément le temps ni les moyens (non pas toujours financiers, mais en termes de transport, par exemple). Aucune de ces librairies ne se trouve sur mes trajets habituels, et faire un détour prend forcément du temps, surtout lorsqu’on est tributaire des transports en commun, comme c’est mon cas. Ainsi, une visite en librairie se prépare en amont, histoire de « rentabiliser » le temps passé : quel(s) livre(s) acheter, dans quelle(s) librairie(s) se rendre, pour y acheter quoi, etc. 

Évidemment, je pourrais m’y rendre le samedi… mais le problème est le même ! Aller se promener en librairie n’est pas forcément la priorité du week-end… J’imagine que vous le comprenez. 

Ainsi, quand je ne peux pas me déplacer et que je ne souhaite pas attendre un futur passage probable en librairie, je passe commande. Sur Amazon, mais pas que ! J’achète aussi via les sites Internet des maisons d’édition quand c’est possible, et surtout sur des sites de vente d’occasion, en repérant les prix sur Amazon auparavant. Il m’arrive même de commander un livre en occasion sur Amazon puisque le vendeur (libraire indépendant la plupart du temps) le propose sur cette plateforme ! 

Amazon est également une alternative souvent utilisée par des personnes vivant « à la campagne », qui ne veulent pas (à juste titre) faire des kilomètres « inutiles » juste pour trouver une librairie, ou qui ont des difficultés (physiques ou autres) à se déplacer. Ou alors des personnes comme ma propre belle-mère (70 ans passés) qui préfèrent se faire livrer lorsqu’elles ont un cadeau à faire, par exemple. Un livre, ça pèse parfois assez lourd, vous ne pouvez pas ne pas le savoir 😅 Un des livres les plus lourds de ma Pile À Lire pèse 980 grammes ! 

Il y a tant de raisons de passer commande sur Amazon… Sans oublier le coût des frais de port ! Tout augmente, et les tarifs postaux n’y échappent pas, bien au contraire ! Les libraires se battent depuis longtemps pour ça, et un texte légal a été voté récemment pour établir un « prix plancher » pour les expéditions de produits culturels (prix qui n’a, à l’heure où j’écris ces lignes, pas encore été fixé…). Si l’idée ici est de contrecarrer Amazon, c’est, à mon sens, un choix fort peu judicieux. Plutôt que de baisser les tarifs postaux comme cela a été fait en 2020 pendant la pandémie et les confinements lorsque les librairies n’étaient pas accessibles, on préfère faire encore et toujours payer un prix qui, de toute manière, n’encouragera pas à acheter des livres sur les sites des librairies… Si les consommateurs de livres ne se déplacent pas et achètent sur Amazon, ils continueront à le faire tant qu’on ne leur proposera pas une autre alternative viable. 

Ça, c’est le côté « je consomme ». Mais avez-vous réfléchi au côté « je vends » ? Nombre d’auteurs, pour des raisons qui leur sont propres, choisissent l’autoédition. Lorsqu’on connaît un minimum la rémunération d’un auteur édité et la rémunération possible via Amazon, on comprend rapidement ce choix. 

Pour un auteur édité, le coût d’un livre se partage en moyenne ainsi :

– TVA -> 5,5 %

– diffusion/distribution -> 18%

– fabrication -> 14 %

– édition -> 19 %

– point de vente -> 35,5 %

Ce qui laisse à l’auteur environ 8 % 

En autoédition via Amazon, l’auteur va toucher en moyenne 30 %. Quel choix fera-t-il ? Bonne question… 

Bien sûr, être édité, c’est un peu la consécration pour un auteur, et c’est bien compréhensible. Toutefois, certains auteurs peinent parfois à trouver un éditeur ou choisissent tout simplement de rester indépendants. Amazon proposant une plate-forme dédiée avec impression à la demande, il est bien plus simple de gérer ses ventes soi-même en gardant la main sur le prix de vente, et donc les revenus qui en découlent. 

Nombre d’auteurs n’ont que cette plateforme pour vendre leur(s) ouvrage(s) et comptent énormément sur les réseaux sociaux pour y faire leur publicité, à l’instar de nombre de maisons d’édition, en dehors des salons littéraires. Ils ont fait ce choix, il faut le respecter. Si demain une autre plateforme de vente au moins aussi importante pointe le bout de son nez, peut-être que ces auteurs feront le choix de s’y rendre, ou peut-être pas. Parce que Amazon, loin d’être un gage de qualité pour autant (pas forcément plus qu’une maison d’édition), reste une possibilité pour de nombreux auteurs de tenter de vivre de leur travail. Ce n’est pas le seul choix en termes d’autoédition, mais c’en est un bien connu. 

Je me suis concentrée sur les livres pour cet article, mais il y a tant de raisons de s’interroger sur la question de « Amazon, c’est le diable » qu’il faut savoir garder l’esprit ouvert et tenter, comme on le peut, d’utiliser et de consommer de façon responsable et réfléchie avec ce qui se trouve à notre portée, en particulier dans le contexte actuel et, par exemple, en sachant que tout ce que l’on pourrait importer d’un pays hors Union Européenne sera taxé… En effet, si vous lisez en VO, vous serez susceptibles de payer encore plus cher votre livre à cause de ces taxes, que même les librairies qui pourraient les proposer vont devoir proposer à des tarifs plus élevés. Consommer « local » n’est pas toujours possible… 

Vous boycotter Amazon ? Vous avez vos raisons, qui sont certainement aussi valables que celles de n’importe qui d’autre. Mais s’il vous plaît, ne venez pas juger ceux qui n’ont pas fait les mêmes choix que vous. C’est en se respectant les uns les autres que nous parviendrons à améliorer les choses, dans tous les domaines. Et surtout, lisons ! Des livres édités par de grosses maisons d’édition, par des petites maisons indépendantes, des livres autoédités, peu importe, tant que le plaisir est là 😜