Il m’est arrivé récemment une petite mésaventure qui m’a fait pas mal réfléchir. Sans rentrer dans les détails, j’aimerais clarifier quelques points.
Nous sommes tous et toutes lecteurs, du genre à picorer des livres de temps en temps ou à les dévorer les uns après les autres. Nous avons tous des goûts, des préférences, des avis sur ce que nous lisons, quoi que nous lisions. Et beaucoup d’entre nous partagent leurs avis, leurs ressentis suite à leurs lectures, sur Internet, avec des amis IRL, avec la famille.
Nous aimons très souvent ce que nous lisons, nous passons de bons moments en compagnie de personnages inventés, nous rions, pleurons parfois avec eux, ressentons une quantité d’émotions avec nos lectures. C’est ce que nous recherchons.
Mais parfois, l’alchimie ne se fait pas, le lien ne se crée pas, la pâte refuse de monter… Bref, vous avez compris. Il arrive que nos lectures ne nous « parlent » pas. Nous n’éprouvons pas de sympathie envers les personnages, nous ne rentrons pas dans l’histoire.
Parfois même, nous abandonnons notre lecture parce que nous n’éprouvons aucun plaisir à retourner à notre lecture quand nous fermons notre livre. Il arrive même que nous soyons très énervés par ce que nous lisons, tant les réactions des personnages, leur « personnalité », ou même l’intrigue, nous insupporte.
Toutes ces réactions sont parfaitement normales. Nous sommes toutes et tous différents dans nos ressentis. L’humain est fait ainsi. Quand certains vont adorer telle ou telle œuvre, d’autres n’y trouveront pas leur compte.
Lorsque nous partageons nos avis sur une œuvre quelle qu’elle soit, nous le faisons avec notre cœur, avec nos ressentis. Les avis que nous laissons ne sont que le reflet de nous-mêmes.
Il est important de rappeler également que nous ne faisons pas la critique d’une personne, mais de son œuvre. Ce n’est pas l’auteur que nous n’apprécions pas, c’est son œuvre. Si nous rencontrons l’auteur, peut-être penserons nous que c’est la personne la plus sympathique que nous ayons rencontrée de notre vie, ou peut-être pas… Les personnalités ne se rencontrent pas toujours.
Certains n’accepteront pas cet état de fait : nous sommes tous différents, nos ressentis, nos interprétations nous sont propres. Ils dépendent de qui nous sommes, de notre vécu, de notre éducation. Ils sont le reflet de notre personnalité. Voilà pourquoi certains/certaines d’entre nous allons apprécier telle ou telle œuvre, et d’autres non. C’est notre diversité qui fait notre force, qui fait la beauté du Monde.
Si nous n’apprécions pas la plume, le style d’un auteur, ce n’est pas la personne que nous n’apprécions pas, mais sa manière de délivrer son œuvre. Ce n’est pas du tout la même chose. D’ailleurs, il est fort possible qu’une œuvre en particulier ne nous « parle » pas quand d’autres pourront se révéler de vrais coups de cœur ! Parfois avec le même auteur ! (J’adore l’œuvre de Stephen King, mais « Jessie » a été interminable pour moi…)
Cela m’amène à une question primordiale, à mon sens, à laquelle il est important de répondre lorsque nous partageons nos avis : quelle est la différence entre critique et diffamation ? « Google est mon ami », comme je dis souvent.
La première définition de « critiquer » nous dit ceci : « analyser, juger des ouvrages d’art ou d’esprit ». Notons qu’il n’y a pas de négatif ou de positif dans cette définition. C’est la manière dont nous délivrons notre critique qui la rend positive ou négative, les mots que nous utilisons pour en parler.
En revanche, la « diffamation » se définit ainsi : « action de diffamer, c’est-à-dire de porter atteinte à la réputation de quelqu’un, par des paroles ou par des écrits ».
Donc, si nous disons « cet auteur est un idiot, il ne sait pas écrire, il est nul », nous le diffamons. En revanche, dire que nous n’apprécions pas son style, sa manière d’écrire ou ses personnages est une critique. Nous ne portons pas atteinte à l’auteur, nous émettons un avis sur son œuvre.
Nous sommes bien d’accord, ce sont là deux choses bien différentes ! Critiquer une œuvre ne revient en aucun cas à diffamer son créateur !
Pour aller encore plus loin, et parce qu’il me semble important que chacun en prenne connaissance, on peut également se référer à cet extrait de <span;>l’article L122-5 du code de la propriété intellectuelle qui indique que « la loi autorise l’utilisation de l’œuvre divulguée, sans autorisation de l’auteur, dans les cas suivants : les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique ».
Ainsi, rien ne nous empêche de partager nos critiques et avis sur une œuvre, nous ne devons rien à son créateur, nous n’avons pas de compte à rendre tant que nous restons dans le respect de la personne.
Nous « jugeons » une œuvre avec notre personnalité, nos ressentis, ce qui fait ce que nous sommes. L’objectivité n’existe pas. Si nous aimons, il y a une ou plusieurs raisons subjectives à ça. De même lorsque nous n’aimons pas.
Alors je n’ai plus qu’une chose à ajouter : lisons, aimons nos lectures et parlons-en, détestons nos lectures et parlons-en… en bref, partageons ! Il n’y a rien de plus important ❤