Décidément, 2024 s’annonce bien remplie en articles « Et si on parlait… » D’ailleurs, et si on parlait « hate read » ?
D’abord, c’est quoi encore ce truc ? Traduit textuellement, « hate read » signifie « je déteste lire ». Et ce qui se cache derrière ces deux petits mots, ce n’est pas parler du fait qu’on n’aime pas les livres en général, ce serait trop beau 🙄
Non non, l’idée est soit d’organiser et/ou de participer à une lecture commune dans laquelle plusieurs personnes vont lire un livre qu’elles… ne vont pas aimer, et surtout qu’elles savent avant même de le commencer qu’elles ne l’aimeront pas, soit de lire seul un roman dont, encore une fois, on sait d’avance qu’on ne l’aimera pas. Déjà, choisir de lire un ouvrage dont on sait qu’on ne l’aimera pas, je ne comprends pas trop l’intérêt. Mais ce n’est pas ce qui me pose problème ici.
Parce que l’idée n’est pas simplement de lire ensemble (ou seul) et d’en parler en « privé » (en groupe de discussion sur Insta ou dans un salon Discord, par exemple). Non ! Le principe du « hate read », c’est d’en parler publiquement sur les réseaux !
Donc on se met à plusieurs, ou non, on lit un roman qui a des éléments qu’on n’apprécie pas (du genre, lire de la dark romance quand on n’aime que les romances plus classiques), et on le critique le plus négativement possible, en publication ou en story ! Le principe est donc de se faire du mal en lisant quelque chose qu’on n’aime pas, et de cracher dessus sur les réseaux pour bien montrer que c’est pas bon…
Je sais, je me répète, mais vraiment je ne comprends pas l’intérêt 🙄 J’ai vu passer une comparaison parfaite sur Threads (je n’ai malheureusement pas noté le pseudo de la personne, si elle passe par là, qu’elle se manifeste 😶) : aller dans un restaurant, choisir un plat avec un aliment qu’on n’aime vraiment pas, puis noter le restaurant négativement parce que le plat ne nous a pas plu. Je sais, c’est ridicule 🤷♀️
Ce principe du « hate read » me dépasse totalement. Il m’arrive de lire un ouvrage qui me tentait, puis de me rendre compte que finalement je n’aime pas ma lecture, et quand je prépare ma chronique, j’en fais un retour négatif. Là, encore une fois, ce n’est pas faire un avis après lecture, mais descendre sciemment un livre qu’on ne voulait pas lire, au fur et à mesure qu’on le lit ! 🤯
C’est une auteure (que je ne connais pas) qui a découvert par hasard qu’un de ses romans allait faire l’objet de cette… chose (je ne vois pas comment appeler ça autrement). La « hate read » en question est organisée par d’anciennes lectrices de ses romans, qui n’apprécient visiblement plus ses œuvres. Est-ce une raison pour agir ainsi ? Il arrive qu’un auteur prenne un chemin, au fil de sa carrière littéraire, qui ne nous convient plus. Doit-on pour autant organiser ce genre de… truc ? Ne peut-on pas plutôt se concentrer sur des livres qui nous font envie, et les mettre en avant ?
Au-delà même du principe de ce genre de pratique (que je trouve déjà bien assez malveillant comme ça, vous l’aurez compris), il a celles et ceux qui… défendent les « hate read », disant que quand on écrit, il faut s’attendre à ce genre de chose ! Que « c’est le jeu » ! Pardon ? Quand on écrit, il faut s’attendre à des critiques négatives, bien sûr ! Tout le monde n’a pas les mêmes goûts (et heureusement !), et ce sont des choses qui arrivent. Mais se prendre une vague de malveillance juste pour… quoi, en fait ? Je ne suis pas écrivaine moi-même, mais si je l’étais, je m’attendrais évidemment à ce que certaines personnes n’accrochent pas (à mon style, à l’histoire, les raisons de ne pas aimer sont nombreuses). Mais là, c’est organiser sciemment du contenu malveillant ! Et défendre ça, c’est normal ? Pas pour moi !
Certaines personnes confondent « review » (ou chronique) négative et « hate read ». La grande différence, c’est qu’une chronique négative est faite APRÈS la lecture. On lit un livre, pas de chance, on ne l’aime pas, on partage notre avis. La « hate read » est faite PENDANT la lecture. On lit un livre, on trouve ce qu’on n’aime pas (en cherchant bien, on trouve toujours…), et on bave dessus en public, sur les réseaux. Si les chroniques négatives sont importantes pour savoir à quoi s’attendre (par exemple, des « triggers warnings » non signalés dans l’ouvrage), la « hate read » n’a rien de constructif, elle n’a pour but que de partager du négatif, à tort ou à raison…
Voilà 2 exemples de posts sur Threads qui défendent la « hate read » (j’ai évidemment caché les photos de profil et pseudos pour des raisons évidentes). C’est particulièrement parlant…Le monde des réseaux littéraires, à l’instar des réseaux dans leur globalité et quel que soit le sujet, devient de plus en plus toxique, et c’est vraiment bien triste. Après les « auteurs problématiques », les suspicions autour des lecteurs de services presse qui seraient (tous, évidemment) des « vendus » qui auraient perdu toute objectivité, maintenant on organise littéralement du cyberharcèlement sans se poser la moindre question 😳
Au-delà du côté limite masochiste de se faire du mal en lisant ce qui ne leur plaît pas, ces personnes vont répandre leur haine sans complexe. Est-ce normal ? Est-ce un comportement à encourager ? Clairement pas !
Partageons plutôt du bon, du positif, des livres qui nous plaisent, des livres qui ne nous plaisent pas aussi, mais en restant un minimum respectueux ! Parce que derrière chaque livre, il y a des auteurices, des lecteurices, des êtres humains sensibles 🙏